Tendresse des astres
Balbutiements du vide
Le temps des étoiles
Etoiles bleues
Les étoiles, le matin, fraîches
Sur le velours infini
Imperturbable
Présence,
Timide et obstinée,
Avec quelques remous
Et la jeunesse jamais flétrie :
Le temps vibrant.
Chavirent les étoiles
Vers l’au-delà du dire,
Presque somnolentes.
Et dans leur rêve,
Intense et fixe elle doit être
La vie, se disent-elles.
Etoiles jaunes
Concordances muettes de l’une à l’autre
Comme des oiseaux blessés
Voletant
S’acharnant à s’échapper du nid
Alors que
Piquées là-haut
Toutes en formes
S’occupant du maintenant
Fourmillent d’idées
Se brisant parfois
Dans un fracas silencieux de lumière
Renaissant comme gourmands
Sur la plante
Ces éclats qui nous hantent.
Etoiles vertes
A l’orée ce matin
Dans un bois très secret
Une tendance étrange.
La vibration d’une chose
Le sentiment rare
Revenu comme de loin
Pour se faire rond
Puis se développer dans une mer d’essence irisée.
Des lambeaux entiers
Comme pétales
Comme tissus déchirés
Comme gémissements amusés
Riant discrètement au paradis physique.
Etoiles roses
Modulations du son
Dans un chemin abstrait,
Partir et
Là-haut attire
L’idée, le sentiment.
Montée, expérience
Du grain et du plein
De la vie retrouvée
Sans voix mais extasiée
L’amour en flèches comme points de fuite.
Etoiles rouges
Buvant de l’eau
Dans un calice
Se sentant appelées
Par l’eau
Comme hélées
L’eau
Comme voulue
Cette soif absolue.
Peur de tout et tremblantes
Mais confiance en
L’eau et en
L’océan de l’espace.
Etoiles grises
Les milles yeux du loin
Regardent
Sans rien dire
Le silence sens.
Le mouvement des lunes
Lunes proches
Les pas que l’on a faits là restent.
Et peu importe
L’avancée, le trou
Le passé, l’avenir.
Les pas éternellement
Pris dans l’éther
Immobiles dans la poussière
Poussant comme signe leur existence
Comme s’ils ne pouvaient être ailleurs.
Parce que dans l’inédit lieu,
L’humanité a dit « je suis ».
Lunes lointaines
L’univers en aimant
Résonne
Comme une ombre
Et le grand visage
N’ose plus parler
Dans la retenue
Lunes flottantes
A force de fendre le flux
Nos âmes romantiques
Nous serviront de gué.
Comme pierres faisant des cercles
Comme nuées qui nous guideront.
Nous parcourrons les grands prés
Les landes calfeutrées,
Les plages élémentaires.
Lunes vides
On pouvait le toucher du doigt,
Sentir
Le drame fermé
Du fini.
Lunes lentes
Rythme vital.
Sans qui
Le néant
L’informe infini
Aucun bruit.
Quand a commencé
Le rythme ?
Qui, quelle force
A enfoncé le premier clou
A pulsé
D’abord.
D’où vient la forme ?
Où va l’élan ?
Lunes rondes
Qui a voulu
La perfection
Pleine
Grandie
Souveraine
Rassurante
Le lait sorti
Le pain mûri
La bouche béante
Les paumes ouvertes
Le matin là
Le midi de près
La joie parfaite ?
Lunes Rapides
D’un coup puissant
La fulgurance
Dans la pensée
Née
De l’écart
Dépassant
S’arrachant
En un geyser immense
Explosion de directions
A bout de souffle
Dans l’aigu et le grave
Les sphères polies
La vie des planètes
Planètes de boue
Pour m’accueillir
Il te faudrait des ailes.
Des bras pour me bercer
Des mains pour la caresse
Des arbres pour l’ivresse
Pour m’éveiller des yeux.
Planètes d’airain
Plaisirs durs
Parsemés de laines
Et de trophées anciens.
Blottis
Dans le blanc entre le titre
Et le corps
Poétique.
Au cœur de l’énigme.
Planètes de fer
Non
A dit
La voix.
Oui
A dit
Le sang.
Planètes de poudres
Vivre dans un éparpillement salutaire.
Ne rien prévoir de ce que sera
Le cri.
Penser sans accroche.
Blêmir au moindre coup
Rester au contact.
Dans le fourmillement
Dans l’exubérant sentiment.
Et voir ce soir se coucher
La grande sœur des larmes
Celle qui parle sans mots
Celle qui bouge sans mouvement.
L’immense toi.
Le doux nous.
Le je minuscule.
L’amour multiple
Et l’un.
Planètes d’air
Le souffle expectoré
Modulé à sa sortie
Choisi, bien choisi
Bien voulu.
Froid, glacial
Chaud, brûlant.
Comme l’orfèvre
Qui noue un mécanisme
Comme le scientifique
Raisonnant et palpant le réel
Comme la petite fille
Tournant dans sa marelle.
Si joueuse
Et si sérieuse.
Le rond dit tout,
Le carré rien.
Planètes d’eau
Si là
Tu avais voulu
Vivre
Qu’en serait-il
Du creux ?